J'aurais voulu être un autiste

J'aurais voulu être un autiste

L’instituteur, le Pape et l’infirmière (24/04/2025)

Elle avait décidé de consacrer sa vie à soigner les maux de ses frères humains, elle avait beaucoup étudié pour réaliser cette noble ambition : elle exerçait son sacerdoce toute vêtue de blanc, elle s’efforçait de faire le bien sans regarder à qui, elle ne connut jamais ni le mariage ni la maternité. Elle était infirmière et elle vient de quitter cette vallée de larmes.

 

Combien de souffrances a-t-elle soulagées au cours de sa carrière ? Nul ne le sait. Elle se contentait d’exercer son métier, sans jamais s’en vanter ni même seulement faire la morale à autrui. Ça ne lui valut jamais les honneurs des médias : jamais on ne jugea utile de de sonner le branle-bas de combat dans toutes les salles de rédactions du monde pour le moindre de ses faits et gestes. Il est vrai qu’elle quittait peu son pays, son salaire ne lui permettant guère de faire de trop nombreux et lointains voyages. Elle se donnait du mal pour alléger la douleur de son prochain quand certains se donnaient bonne conscience en priant pour le salut des démunis. On ne mettra pas les drapeaux en berne pour elle, aucun chef d’État n’ira voir sa dépouille, et surtout pas notre bon président, ce qui tombe très bien car elle n’aurait sûrement pas apprécié de recevoir la visite d’un de nos gouvernants successifs qui n’ont eu de cesse, depuis des années, de mettre l’hôpital public sur la paille. Aucune cloche d’église ne sonnera pour elle, ce qui tombe encore mieux, car elle ne dépareillait pas outre mesure dans sa famille de bouffeurs de curés.

 

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Si j’en parle avec autant d’assurance, c’est pour la bonne et simple raison que cette dame était ma tante ; et à cette heure où tout le monde semble se croire obligé d’y aller de son petit couplet pour rendre hommage au chef suprême d’une organisation dont le passé est rempli à ras de bord de crimes impunis, le décès de cette parente occulte dans mon esprit celui de cette célébrité internationale dont les bienfaits réels me paraissent plus que sujets à caution.

 

Et si, d’aventure, il m’arrive de repenser à la mort de grand chef religieux, je repense aussitôt à un autre mien parent défunt : mon grand-père, que je n’ai pas connu, mais qui fut le père de la tante que je pleure actuellement ; il n’était pas infirmier mais instituteur à l’école publique d’une commune du Finistère où l’Église catholique n’était alors guère disposée à renoncer au monopole de l’instruction des enfants. Il aurait donc été impossible à ce cher monsieur d’exercer son métier sans être sincèrement convaincu de la nécessité de la laïcité. Et donc, cet homme qui trépassa quand j’étais encore bébé, s’il pouvait revivre un instant, comment réagirait-il en voyant, à l’heure où ses petits-enfants ont tous atteint l’âge adulte, la République se mettre à genoux devant le Vatican et persister à affamer l’école publique ? Je ne dis pas qu’il aurait envie de se flinguer, mais Il se dirait au moins « Merde, je ne joue plus pour tous ces pauvres types », tel le Christ dans une chanson de Brassens.

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24/04/2025
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Des relations sociales pour les autistes et les neurotypiques (21/04/2025)

Il est un fait couramment admis : les relations sociales représentent une difficulté pour les personnes du spectre autistique. Ce qui signifie, a contrario, qu’elles seraient faciles pour les personnes sans autisme. Qu’en est-il vraiment ? Pour le savoir, comparons les comportements respectifs des autistes et des neurotypiques en société au cours de leur vie. Commençons par le commencement.

 

À l’école, l’enfant autiste reste à l’écart de l’agitation et ne participe aux jeux de ses camarades. L’enfant neurotypique, à l’inverse, participe activement aux jeux : la preuve, c’est que lorsqu’il perd, il traite ses camarades de tricheurs, quand il n’en vient pas carrément aux mains. L’enfant autiste a donc peu de copains, tandis que l’enfant neurotypiques, lui, a un bon paquet d’amis avec qui il passe son temps à se fâcher puis à se rabibocher, puis à se re-fâcher et à se re-rabibocher, et ainsi de suite.02-05-Autisme et loisirs 08 - Activité extérieure

 

Quand arrive l’âge où s’éveille le désir sexuel, le jeune autiste, ne réagit pas aux signaux non-verbaux que lui envoie un partenaire potentiel. Le jeune neurotypique, à l’inverse, est tellement sûr de saisir les signes non-verbaux qu’il croit en repérer même quand il n’y en a pas et se permet de faire le premier pas en direction d’autrui même quand il n’y a aucune manifestation réelle d’un désir quelconque, c’est même devenu si pénible pour les femmes qu’il a fallu faire des lois contre le harcèlement sexuel.   

 

En famille, l’individu autiste se révèle incapable de suivre une conversation dans le bruit et éprouve même le besoin fréquent de s’isoler, notamment quand les enfants poussent des cris. L’individu neurotypique, à l’inverse, suit tellement bien les conversations qu’il passe son temps à se disputer avec les membres de sa famille pour des questions aussi fondamentales que les prix de l’immobilier, les reprises du dernier modèle de chez Peugeot ou le championnat de France de football.   

 

Sur son lieu de travail, l’employé autiste se borne à faire son travail, discute le moins possible avec ses collègues et s’octroie juste quelques pauses pour s’isoler, ce qui lui vaut les reproches de son employeur qui l’accuse sans cesse de ne pas avoir l’esprit « coporate ». L’employé neurotypique, à l’inverse, débute systématiquement ses journées par une discussion à rallonge devant la machine à café et finit toujours par s’étonner de ne pas avoir assez d’une journée pour venir à bout de son travail

 

Pour conclure, nous pouvons donc affirmer ceci : les relations sociales sont tellement compliquées pour les autistes que ceux-ci s’efforcent de se les faciliter le plus possible ; à l’inverse, elles sont si faciles pour les neurotypiques que ces derniers semblent prendre un malin plaisir à se les compliquer le plus possible. Terminons par un dernier exemple éclairant : sur la scène internationale, les neurotypiques, en bonnes personnes normalement constituées, se font des guerres à n’en plus finir pour des frontières qu’ils croient tracées de toute éternité, tandis que les autistes poussent la bizarrerie jusqu’à faire fi des particularismes nationaux et à vouloir sauver l’humanité toute entière.

 

12-10-Greta Thunberg"How dare you ?"


21/04/2025
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